Révélée dans Gossip Girl, Blake Lively aurait pu rester l’icône lisse d’une époque. Elle a préféré s’inventer en actrice caméléon, productrice avisée et désormais réalisatrice. Portrait d’une femme qui écrit sa propre légende, loin des clichés.
L’icône d’une génération, pas d’un cliché
En 2007, elle descend les marches de Grand Central Station, cheveux dorés au vent, silhouette élancée, et devient en quelques secondes le visage d’une génération. Gossip Girl vient de lancer sa première salve, et Blake Lively devient Serena van der Woodsen – personnage culte d’une série qui marquera l’imaginaire collectif. À seulement vingt ans, l’actrice accède à une notoriété fulgurante. Mais très vite, la jeune femme devine que cette célébrité peut devenir un piège aussi séduisant qu’étouffant. Elle choisit alors, à contre-courant, de ne pas s’y enfermer.

Derrière le glamour de la jeunesse dorée new-yorkaise, se dessine une actrice consciente, déterminée à ne pas laisser les apparences décider pour elle. « Le succès est parfois un piège magnifique », dira-t-elle plus tard. Elle aurait pu se contenter d’enchaîner les rôles confortables, de surfer sur l’image d’icône pop. Mais chaque film qu’elle choisit est une mue : The Town lui offre un rôle rugueux, The Shallows la confronte à l’isolement et à la peur, L’Ombre d’Emily révèle une noirceur insoupçonnée. Elle brouille les pistes avec malice : « Les apparences sont mon matériau de travail, pas ma prison. »
Derrière la caméra, l’autre pouvoir
Blake Lively ne se contente pas d’être devant l’objectif. Elle observe, apprend, investit. Comme d’autres femmes de sa génération — Reese Witherspoon ou Margot Robbie — elle comprend vite que le pouvoir, le vrai, se joue aussi dans les coulisses. En 2021, elle lance Betty Buzz, une marque de cocktails sans alcool qui épouse le virage sociétal du « sober living ». Le projet, présenté avec humour et style, est aussi porteur d’une philosophie : faire rimer sobriété et plaisir, élégance et conscience. « Je ne vends pas juste un produit, mais une vision », résume-t-elle.
Aujourd’hui, à 37 ans, elle entame une nouvelle phase : la réalisation. Son premier long métrage, une adaptation du roman graphique It Ends With Us, promet de révéler une autre facette de sa sensibilité artistique. Elle s’intéresse aux « failles intimes », à ces instants où les façades sociales se craquellent, où surgissent les vérités invisibles. Une approche à la fois personnelle et universelle.
L’art de la maîtrise sans le cynisme
Même dans l’exposition permanente imposée par l’ère numérique, Blake Lively trace son propre chemin. Son compte Instagram, suivi par des millions de fans, alterne entre dérision maîtrisée, photos stylisées et clins d’œil complices à son mari, l’acteur Ryan Reynolds. Ensemble, ils jouent avec les codes de la célébrité comme dans une comédie bien huilée, où l’autodérision tient lieu de stratégie de survie. « Nous avons compris que la meilleure façon de préserver notre jardin secret était de créer nous-mêmes les murs qui l’entourent », dit-elle.

Un féminisme discret, une voix ferme
Elle n’a pas besoin de slogans pour affirmer ses convictions. Ses choix parlent d’eux-mêmes. Elle milite contre l’exploitation sexuelle des enfants, défend à l’écran des personnages féminins ambigus, complexes, parfois même inconfortables. « La complexité n’est pas un privilège masculin », affirme-t-elle. Une déclaration aussi sobre que redoutable. Elle incarne un féminisme sans bruit mais sans concessions, qui valorise les contradictions, la nuance, l’ombre.
Une femme, un récit, une vision
Il y a chez elle quelque chose de rare à Hollywood : une capacité à se réinventer sans jamais trahir ce qu’elle est. Blake Lively n’a jamais joué la rupture spectaculaire. Elle incarne plutôt un art subtil de la transformation continue, une manière élégante de prendre le système à bras-le-corps, pour mieux le modeler à son image. Pas une rebelle, pas une muse : une femme qui écrit, jour après jour, son propre scénario.

Blake Lively en quelques dates
- 2007 : Révélation avec Gossip Girl
- 2010 : Transformation avec The Town
- 2011 : Rencontre avec Ryan Reynolds sur Green Lantern
- 2016 : Un seul-en-scène tendu dans The Shallows
- 2018 : L’Ombre d’Emily, élégance noire et jeu de dupes
- 2021 : Lancement de Betty Buzz
- 2023 : Débuts de réalisatrice avec It Ends With Us