Le 22 mai 2025, Louis Vuitton a présenté sa collection Croisière 2025 dans un lieu aussi prestigieux qu’inattendu : la Cour d’honneur du Palais des Papes à Avignon. Sous la direction artistique de Nicolas Ghesquière, le défilé s’est transformé en véritable spectacle vivant, mêlant patrimoine, artisanat et expérimentation stylistique. Entre Moyen Âge revisité, glam-rock et célébration de l’objet, cette collection a fait de la mode un théâtre du temps.
Acte I – L’histoire médiévale comme matière première
En ouverture, la collection convoque l’imaginaire médiéval du Palais. Capes cavalières, robes brodées comme des tapisseries, gants de fauconnier, manteaux en cuir perforé et blasons stylisés évoquent une chevalerie futuriste au féminin. Le monogramme Louis Vuitton se fait héraldique, les tissus reproduisent des enluminures, et les coupes empruntent autant aux pages de légende qu’aux silhouettes baroques. Cette hybridation érudite, où Jeanne d’Arc croise Janis Joplin, explore la mode comme archéologie vivante, entre hommage et détournement.
Acte II – Le théâtre du soi
Le deuxième tableau s’inspire directement de l’esprit du Festival d’Avignon, fondé en ce lieu par Jean Vilar. Ici, les vêtements deviennent performance. Mini-robes métalliques, vestes-miroirs, broderies scintillantes, chaussures incrustées de cristaux : tout reflète, au sens propre comme au figuré. Les références culturelles s’entrelacent : David Bowie, Shakespeare, les sœurs Haim, pour dessiner une scène intérieure où l’on se donne à voir. Ghesquière fait de la mode une scène de l’intime, où le vêtement performe autant qu’il révèle.
Acte III – L’objet comme mémoire vivante
Le final rend hommage au savoir-faire artisanal avec la présentation de quatre sacs-boîtes en bois brut, conçus avec le jeune artisan Thomas Roger. Inspirés des malles fondatrices de la maison, ces objets allient sobriété rustique et raffinement contemporain. Plus que des accessoires, ce sont des sculptures portables, des vestiges réinventés qui racontent le voyage, non plus comme décor, mais comme matière. La maison Louis Vuitton revient à ses origines tout en projetant son héritage vers l’avenir.
Une scénographie inversée, en hommage à Jean Vilar
Signée par l’artiste britannique Es Devlin, la scénographie sublime le lieu en en renversant les codes. Un sol lumineux trace une nouvelle géométrie de la Cour d’honneur. Le public, installé sur scène, regarde les mannequins défiler depuis le point de vue des comédiens : une inversion du regard qui rappelle la vision de Jean Vilar, celle d’un théâtre partagé. La mode se fait alors espace démocratique, mise en scène de soi, de l’autre, et du monde.
Une liturgie du présent
Sous un ciel étoilé, dans cette cathédrale désacralisée qu’est le Palais des Papes, un parterre d’invités prestigieux : Catherine Deneuve, Brigitte Macron, Emma Stone, Justine Triet, Pharrell Williams, a assisté à cette cérémonie profane. Plus qu’un défilé, le show Avignonnais fut une liturgie contemporaine, un acte d’art total. Par ce “clash du temps” qu’il cultive depuis plus d’une décennie, Nicolas Ghesquière offre à la mode un rôle : celui de penser, d’émouvoir et de mettre en scène nos propres fictions.
Louis Vuitton Croisière 2025 : le défilé












































