Avec « Le Dernier Sacre », le Mobilier national orchestre une plongée somptueuse dans l’imaginaire monarchique, entre solennité politique et splendeur artistique. Portée par deux figures emblématiques – Stéphane Bern, passeur d’histoire, et Jacques Garcia, maître d’ambiances – l’exposition redonne chair et éclat à ces rituels de légitimation du pouvoir qui, du sacre de Reims aux fastes du Second Empire, ont marqué l’inconscient collectif.
Dialogue entre deux esthétiques
La rencontre entre Stéphane Bern et Jacques Garcia ne tient pas du simple effet d’annonce. Elle structure en profondeur la narration de l’exposition. Le premier apporte son érudition populaire et son goût du récit incarné ; le second, son sens du décor, du détail et de l’épure baroque. Ensemble, ils composent un parcours où chaque objet – couronne, sceptre, manteau d’apparat – s’inscrit dans une dramaturgie minutieuse, révélant sa double nature : chef-d’œuvre artisanal et artefact politique.
Un voyage dans le temps, entre silence et solennité
De salle en salle, le visiteur traverse les âges à la manière d’un pèlerin dans un sanctuaire du pouvoir. Les pièces rares, souvent exposées pour la première fois, sont mises en scène avec une attention quasi liturgique : jeux d’ombres, dorures savamment dosées, textiles qui semblent encore vibrer du souffle des cérémonies. Le sacre devient ici un mythe actif, dont les objets prolongent l’aura et la complexité.

Sous les ors, la pensée et le travail de l’Art
« Le Dernier Sacre » ne se contente pas de flatter les yeux. Il propose aussi une méditation subtile sur les signes du pouvoir. En quoi le geste de couronner engage-t-il l’histoire ? Que disent ces insignes sur notre rapport collectif à l’autorité, au sacré, à la transmission ? Par ses interventions, Stéphane Bern guide cette réflexion avec une simplicité bienveillante, sans jamais céder à la tentation de l’anecdote creuse.
L’exposition rend un hommage sincère aux artisans d’art, ces « mains de l’ombre » dont le génie traverse les siècles. Grâce au travail du Mobilier national, leur savoir-faire se voit redonné à la lumière, célébré non comme une nostalgie, mais comme une richesse vivante, essentielle à l’identité culturelle de la nation.

« Le Dernier Sacre » est plus qu’une exposition : c’est une expérience sensorielle, un manifeste discret en faveur de la beauté, du savoir et de leur rôle dans la construction du commun. Que l’on soit historien, esthète ou simple curieux, cette odyssée dans les plis du pouvoir éclaire autant qu’elle émerveille.
À découvrir jusqu’à l’été au Mobilier national. Et à ne pas manquer, tant pour ce qu’elle montre que pour ce qu’elle invite à penser.