L’exposition « Tous Léger ! », actuellement présentée au Musée du Luxembourg, propose d’explorer les dialogues entre Fernand Léger, figure majeure de l’avant-garde du XXe siècle, et les courants artistiques qui lui ont succédé. Un pari ambitieux qui traverse l’Atlantique pour mettre en lumière les liens entre le Nouveau Réalisme européen et la scène artistique américaine, notamment le pop art et l’art urbain.
La filiation avec Fernand Léger évidente mais inégale
Avec près d’une centaine d’œuvres, l’exposition rassemble des artistes aussi variés que Yves Klein, Niki de Saint Phalle, Martial Raysse, Roy Lichtenstein et Keith Haring. L’enjeu est de montrer comment Fernand Léger, avec son vocabulaire plastique fait de formes géométriques et de couleurs éclatantes, a nourri ces artistes dans leur rapport au monde moderne. Pourtant, si certaines filiations paraissent évidentes – notamment chez Lichtenstein et Haring, dont les aplats colorés et la frontalité du trait rappellent indéniablement Fernand Léger – d’autres associations semblent plus ténues.
L’un des axes les plus convaincants de l’exposition est celui du détournement de l’objet et de l’intégration de l’art dans l’espace public. De Léger à Klein, en passant par les accumulations de César ou les sculptures ludiques de Saint Phalle, on perçoit un même désir de décloisonner l’art et de le rendre accessible à tous. En ce sens, « Tous Léger ! » réussit à dresser un pont pertinent entre le formalisme légué par le maître et les expérimentations du Nouveau Réalisme.
Un dialogue parfois forcé avec Fernand Léger
Là où l’exposition pèche, c’est dans certaines associations qui paraissent artificielles. Faire dialoguer Léger avec Klein, par exemple, semble plus hasardeux : l’un célèbre la mécanique joyeuse du progrès, l’autre sublime l’immatériel et l’invisible. De même, la présence de Keith Haring, s’il est aisé de trouver des similitudes graphiques avec Léger, semble davantage répondre à une volonté d’intégrer un nom populaire qu’à une réelle continuité artistique.
On pourrait aussi regretter que le commissariat ne prenne pas plus de risques dans la scénographie. Si la mise en espace est efficace, elle reste sage et ne parvient pas à insuffler cette énergie cinétique qui habite pourtant les œuvres de Léger et de ses héritiers.
Verdict : une exposition stimulante mais perfectible
« Tous Léger ! » a le mérite de proposer un regard original sur l’héritage de Fernand Léger et de rappeler à quel point son influence a traversé les décennies et les frontières. Si certaines connexions sont éclairantes, d’autres semblent plus artificielles, donnant parfois à l’exposition un caractère un peu scolaire. Malgré ces réserves, l’ensemble demeure une proposition stimulante qui ravira autant les amateurs de Fernand Léger que les curieux désireux de mieux comprendre les continuités et ruptures dans l’histoire de l’art moderne.
À voir jusqu’au 20 juillet 2025 au Musée du Luxembourg.