Il est des affaires qui ne cessent de hanter notre histoire. Des drames dont les échos résonnent encore dans les convulsions de notre présent. L’Affaire Dreyfus est de ceux-là. Le Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme, à Paris, nous le rappelle avec une exposition d’une richesse inédite : « Alfred Dreyfus. Vérité et justice« , à voir jusqu’au 31 août 2025. Une plongée saisissante dans l’une des plus grandes erreurs judiciaires de notre histoire, et dans le combat acharné d’un homme pour la vérité.
C’est toute la mécanique d’une injustice implacable qui se dévoile à travers 250 documents d’archives, photographies et extraits de films. Mais cette exposition va au-delà du simple récit historique. Elle restitue l’Affaire dans son épaisseur humaine et intellectuelle, à travers le regard des artistes qui en furent les témoins. Des toiles de Pissarro, Vallotton ou Vuillard aux gravures de Luce et Carrière, le regard des contemporains se pose sur un pays déchiré entre l’antisémitisme, le nationalisme et la quête de justice. L’art, ici, devient mémoire et militantisme.
Mais surtout, cette exposition réhabilite une figure trop souvent effacée par la légende : Alfred Dreyfus lui-même. On connaît le prisonnier de l’île du Diable, la victime d’une implacable machination. On oublie trop souvent le combattant, l’homme qui, après quatre ans de bagne, n’aura de cesse de réclamer sa réhabilitation. Dans ses lettres, dans ses écrits, se dessine le portrait d’un individu qui refuse d’être un simple pion de l’Histoire. Un homme qui incarne, à lui seul, une certaine idée de la République : celle où la justice ne doit jamais céder devant la raison d’État.
Car c’est bien là que réside toute l’actualité de l’Affaire Dreyfus. Elle n’est pas un simple chapitre des manuels d’histoire. Elle est un miroir tendu à nos sociétés contemporaines, où les spectres du complotisme, du racisme et des instrumentalisations politiques n’ont jamais vraiment disparu. En ce sens, « Vérité et justice » n’est pas une simple exposition, mais un rappel nécessaire : celui de l’exigence de vigilance et du devoir de mémoire.
Alfred Dreyfus a été innocenté. Mais le combat qu’il incarne, lui, n’est jamais terminé.
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Hôtel de Saint-Aignan
71 Rue du Temple, 75003 Paris
Du mardi au dimanche
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