Lorsque Le Jeu de la Dame (The Queen’s Gambit) est apparu sur Netflix en 2020, peu s’attendaient à ce qu’une série sur les échecs devienne un phénomène mondial. Et pourtant, le show créé par Scott Frank et Allan Scott a captivé des millions de spectateurs, remettant au goût du jour un jeu longtemps perçu comme austère et élitiste. Alors, Le Jeu de la Dame est-il simplement une réussite passagère ou bien un coup de maître inscrit dans l’histoire des séries télévisées ?
Derrière l’écran, c’est un récit initiatique fascinant qui se déploie. Beth Harmon, incarnée avec une intensité rare par Anya Taylor-Joy, est une orpheline au génie fulgurant pour les échecs. L’actrice livre ici une performance hypnotique, traduisant à la perfection la complexité de son personnage : à la fois fragile et déterminée, brillante et tourmentée. Son regard magnétique, sa gestuelle précise et son charisme naturel captivent dès la première scène. Anya Taylor-Joy parvient à insuffler une profondeur émotionnelle à Beth sans jamais tomber dans l’excès, faisant de son ascension aussi flamboyante que douloureuse une expérience immersive et bouleversante.
Si la série a séduit, c’est en grande partie grâce à cette incarnation magistrale. La mise en scène millimétrée, la photographie soignée, les costumes d’époque impeccables et la bande-son envoûtante confèrent à l’ensemble une élégance rare. Mais c’est bien Anya Taylor-Joy qui donne véritablement vie à ce récit, rendant chaque victoire exaltante et chaque chute poignante. Netflix a su transformer une discipline intellectuelle en spectacle visuel, où chaque mouvement de pion est mis en scène avec la tension d’un duel cinématographique, sublimé par la présence hypnotique de son actrice principale.

Cependant, Le Jeu de la Dame n’est pas qu’un exercice de style. Il s’agit aussi d’un récit profondément humain qui interroge la solitude du génie, le prix de la réussite et la place des femmes dans un univers compétitif. Contrairement à de nombreuses productions qui s’étirent inutilement sur plusieurs saisons, la série choisit une narration concise et efficace. Sept épisodes suffisent à raconter le destin fulgurant de Beth Harmon, sans s’essouffler ni perdre son intensité dramatique.
Alors, simple phénomène de mode ou œuvre durable ? Le succès du Jeu de la Dame ne se limite pas à l’engouement pour les échecs qu’il a provoqué. Il réside avant tout dans la puissance de jeu d’Anya Taylor-Joy, qui signe ici une performance inoubliable. Netflix n’a peut-être pas révolutionné la télévision, mais avec cette mini-série, la plateforme a indéniablement réalisé un coup gagnant.