Il y a des films qui marquent une époque, qui captivent et qui laissent une empreinte indélébile dans l’inconscient collectif. The Gorge n’en fait malheureusement pas partie. Scott Derrickson, maître du frisson moderne avec Doctor Strange et Black Phone, s’attaque ici à une romance teintée de thriller surnaturel. Un mélange audacieux sur le papier, mais qui, à l’écran, laisse un goût d’inachevé.
Le film nous plonge dans un décor singulier : un gouffre abyssal où Levi (Miles Teller) et Drasa (Anya Taylor-Joy), deux tireurs d’élite, montent la garde contre une menace inconnue. L’idée d’un huis clos en plein air, séparant deux personnages contraints de communiquer à distance, aurait pu offrir un suspense haletant. Hélas, l’intrigue s’embourbe rapidement dans un drame sentimental sans consistance.
Si l’on devait résumer The Gorge en un mot : frustrant. Frustrant, parce qu’il ne sait jamais vraiment quel film il veut être. À mi-chemin entre l’horreur et la romance, il ne parvient ni à terrifier, ni à émouvoir. Le Guardian souligne d’ailleurs ce paradoxe en décrivant le film comme « un thriller d’horreur qui pense que surveiller des monstres de l’enfer est aphrodisiaque ». On se demande alors si Derrickson a cherché à réinventer le genre ou simplement à détourner l’attention d’un scénario faiblard.
Du point de vue esthétique, rien à redire. La photographie de Dan Laustsen est somptueuse, enveloppant le gouffre d’une aura aussi sublime qu’inquiétante. La bande originale de Trent Reznor et Atticus Ross ajoute une dimension presque métaphysique à l’ensemble. Mais comme l’a relevé The Financial Times, ces atouts techniques ne suffisent pas à pallier les faiblesses du récit : « Un thriller sniper qui ne vise jamais juste ».
Le problème majeur de The Gorge réside dans ses personnages. Levi et Drasa ne dépassent jamais leurs archétypes de héros torturés. Leur romance, censée être le moteur émotionnel du film, sonne faux, forcée, presque mécanique. La critique de ScreenTune ne s’y est pas trompée en qualifiant leur relation de « romance insipide, incapable de captiver ou de provoquer la moindre émotion ».
The Gorge n’est ni un raté complet, ni une réussite éclatante. C’est un film coincé dans un entre-deux frustrant, doté d’une promesse qu’il ne parvient jamais à honorer. Un gouffre d’idées inexplorées où l’on ressort avec un sentiment de vide. Dommage.