Avec « Berlin, été 42« , Andreas Dresen s’attaque à un pan méconnu de la résistance allemande sous le Troisième Reich. En suivant le destin tragique de Hilde et Hans Coppi, le film s’inscrit dans une veine historique sobre et poétique, mettant en avant la fragilité et, disons-le, l’insouciance, de ces jeunes engagés dans la lutte contre le nazisme.
Toutefois, la narration oscille entre plusieurs fils conducteurs sans parvenir à en préserver l’unité ou même à en choisir un. Le film tente d’être à la fois un portrait intime d’un couple résistant, une chronique de la jeunesse berlinoise sous le nazisme, une évocation de la lutte clandestine et un hommage aux héros méconnus. L’ensemble manque de cohésion, comme si Andreas Dresen n’avait pas su faire un choix définitif sur le regard à porter.
Liv Lisa Fries porte le film sur ses épaules. Son interprétation de Hilde Coppi est tout en nuances, naviguant entre insouciance et conscience tragique du destin qui l’attend. Son jeu subtil et bouleversant donne une épaisseur poignante à ce rôle de femme tiraillée entre l’amour et l’engagement. Face à elle, Alexander Scheer campe un Hans Coppi tout en retenue, dont l’évolution dramatique manque toutefois d’un réel développement émotionnel.
La mise en scène de Dresen, servie par la photographie soignée de Judith Kaufmann, alterne les moments de tension et les parenthèses contemplatives, avec une préférence marquée pour une approche quasi-documentaire. Le Berlin de 1942 est reconstitué avec un soin du détail qui renforce la crédibilité du récit, lumineux et menaçant. Cette esthétisation appuyée ralentit, cependant, parfois le rythme du film, lui conférant un aspect contemplatif qui contraste avec l’urgence dramatique de l’histoire.
« Berlin, été 42 » est un film porté par des intentions louables et des performances d’acteurs remarquables mais il souffre d’une dispersion thématique qui l’empêche de lui donner une véritable force narrative. En cherchant à tout raconter, Andreas Dresen semble s’égarer, empêchant le film d’atteindre toute la puissance émotionnelle qu’une histoire aussi poignante méritait.