Derrière son rose bonbon et son humour acidulé, Barbie, réalisé par Greta Gerwig, est bien plus qu’un simple divertissement. Avec Margot Robbie et Ryan Gosling en têtes d’affiche, le film déconstruit les stéréotypes tout en célébrant l’icône que représente la célèbre poupée. Une réussite pop et satirique qui s’inscrit logiquement dans la filmographie de sa réalisatrice.
Greta Gerwig, de l’indé au blockbuster féministe
Passée de muse du « mumblecore » à autrice-réalisatrice incontournable avec Lady Bird (2017) et Les Filles du docteur March (2019), Greta Gerwig s’est imposée par son regard sensible et sa narration féministe. Son style, à la fois intime et universel, trouve ici un terrain de jeu inattendu : une poupée mondialement connue, souvent critiquée pour son image irréaliste de la femme.
Avec Barbie, Greta Gerwig fait le pari d’un film à plusieurs niveaux de lecture, où l’absurde flirte avec la réflexion sociale. Elle détourne les codes du conte initiatique pour questionner les injonctions faites aux femmes et les paradoxes du féminisme contemporain. Une approche qui, loin de trahir son cinéma, le prolonge dans une dimension plus spectaculaire.
Margot Robbie et Ryan Gosling : quand Barbie et Ken prennent vie
Margot Robbie, aussi productrice du film, incarne une Barbie parfaite… jusqu’au jour où son monde idéal commence à se fissurer. Entre comédie et mélancolie, l’actrice offre une performance nuancée, rappelant son talent dans Moi, Tonya ou Babylon. Elle insuffle à son personnage une profondeur inattendue, oscillant entre glamour et questionnements existentiels.

Face à elle, Ryan Gosling s’en donne à cœur joie dans un rôle de Ken volontairement caricatural. Loin du simple accessoire de Barbie, il devient un miroir grotesque des injonctions masculines. L’acteur, habitué aux rôles dramatiques (Drive, La La Land), déploie un comique inédit, jouant sur son image avec autodérision.
Une satire pop et engagée
Visuellement, Barbie est un régal. Son esthétique léchée, entre kitsch assumé et féerie plastique, rappelle les comédies musicales hollywoodiennes. Mais sous ce vernis sucré se cache une critique acerbe du patriarcat et de la société de consommation. Le scénario, coécrit par Noah Baumbach (compagnon et collaborateur de Greta Gerwig), mêle habilement humour et propos féministe, évitant tout didactisme pesant.
Ce mélange des genres, entre blockbuster et essai sociologique, est audacieux. Si certains verront un pamphlet trop appuyé, d’autres y liront une œuvre nécessaire, qui pousse la réflexion au-delà des clichés. En ce sens, Barbie s’inscrit dans la continuité du travail de Greta Gerwig : un cinéma accessible, intelligent et toujours en quête de réinvention.
Un pari réussi
Avec Barbie, Greta Gerwig livre un film aussi drôle que percutant. En détournant l’image de la poupée la plus célèbre du monde, elle questionne la place des femmes et des hommes dans nos sociétés modernes. Porté par un duo d’acteurs brillants et une mise en scène aussi pop qu’inventive, Barbie dépasse son statut de simple produit dérivé pour devenir une œuvre à part entière, aussi jouissive qu’intelligente.