Pour leur premier long métrage « Rien à foutre », Julie Lecoustre et Emmanuel Marre brossent le portrait d’une jeune hôtesse de l’air ; employée de la compagnie Flight (compagnie imaginaire qui regroupe les codes et les supplices des compagnies LowCost que nous connaissons tous). Les réalisateurs offrent son plus beau rôle à une Adèle Exarchopoulos qui interprète avec une grasse folle Cassandre, notre hôtesse pour ce voyage.
Cassandre n’est pas du genre à prédire les catastrophes. Dans la vingtaine, célibataire, cheveux châtains mais pas fermée à l’idée de se teindre en blonde si ça lui permet d’avoir un meilleur travail… Cassandre est basée au Canaries et même entre deux vols une vie de carte postale ou un rêve en carton, c’est selon…
Une vie d’illusions ?
« Rien à foutre » documente le quotidien – en transit permanent – de Cassandre en rapprochant les plans professionnel et personnel autour de leur dramatique fil rouge : la précarité. Ambiance entretiens d’embauche en visio et plan Tinder. Oui les cartes postales sont en carton. « Rien à foutre », quand on se noie, on ne se soucie pas du lendemain mais de l’instant… « Carpe Diem », le pseudo de Cassandre sur Tinder prend ici son sens.
En suivant, avec une certaine grâce, les journées et les pas de Cassandre, les réalisateurs nous montre, sans jugement, cette jeunesse qui veut voir les choses en grand ; mais l’impasse existentielle finit toujours par nourrir la fuite en avant.
Retour à la réalité
Pourtant, un jour il faut bien rentrer chez soi. Loin des îles, loin du ciel, loin de ses illusions (low cost ?). A mi-chemin le film change de plan de vol. Fini les cieux, retour à sa terre, en Belgique. Cassandre va devoir affronter la douleur de la mort de sa mère. Longtemps éludée, la réalité de la douleur finit toujours par frapper à nos portes.
Or, dans la vraie vie il n’existe pas de méthode écrite à l’usage du deuil. « Rien à foutre » déjoue le formatage convenu et les réalisateurs font le choix de tourner ses séquences en plusieurs fois, à chaque fois réécrite. Quand Adèle Exarchopoulos apparaît soudainement masquée : est-ce parce que la pandémie à rattraper le film ou parce que Cassandre fait finalement irruption dans la réalité ?